La présentation et la publication en double de résumés et de manuscrits, ainsi que la fraude scientifique, préoccupent énormément les rédacteurs et la presse scientifique depuis le début des années 1980. Une déclaration de consensus sur la présentation et la publication de manuscrits a paru dans le numéro de juin de Surgery1 et dans la plupart des journaux de chirurgie générale, ainsi que dans certains journaux connexes de chirurgie thoracique et cardiaque, de chirurgie vasculaire, d’endoscopie, de traumatologie et de nutrition, de même que dans trois journaux de chirurgie du Japon et un autre de l’Allemagne. La déclaration, qui a évolué avec le temps, est le fruit de réunions périodiques de rédacteurs de journaux de chirurgie générale qui ont lieu à l’automne, au cours du congrès clinique de l’American College of Surgeons.
La déclaration de consensus porte sur deux problèmes : présentation et publication en double et publication frauduleuse. Au moins trois éditoriaux ont paru avec la déclaration. Dans Surgery, outre leur éditorial2, Sarr et Warshaw ont publié un article de Schein et Paladugu3 sur l’édition redondante en chirurgie. Dans le présent article, on a passé en revue les numéros de 1998 de Surgery, du British Journal of Surgery et d’Archives of Surgery. Les chercheurs ont constaté que 92 articles originaux (1 sur 6) publiés dans ces journaux ont entraîné une redondance subséquente. Plus précisément, on a repéré dans d’autres journaux 147 communications dont 13,6 % ont été considérées comme des publications en double, 34 % comme des publications en double possibles, et 52,4 % comme de l’«éminçage» : ceux qui utilisent cette technique transforment de petits éléments constituants d’une étude globale en unités minimales publiables puis réunissent le tout en une publication supplémentaire. Ces données sont dévastatrices et troublantes.
Le Journal canadien de chirurgie ne s’est pas retrouvé consciemment dans de telles situations. Il est toutefois difficile d’imaginer que les chirurgiens du Canada diffèrent de leurs collègues d’autres régions du monde ou que nos critères de promotion soient tellement reliés à l’enseignement et à d’autres services à l’université que nous ne ressentions pas de pressions pour publier. Avant de publier la communication de Schein et Paladugu, les rédacteurs de Surgery ont analysé eux-mêmes les données et confirmé la validité des publications en double définies. Ils ont reconnu la difficulté de définir les expressions «publication en double possible» et «éminçage», mais également que l’activité est répréhensible. Le Dr Waddell et moi-même demeurerons à l’affût de ces questions et espérons ne jamais avoir à y faire face.
La question de la publication frauduleuse a été abordée sur de nombreuses tribunes. La déclaration de consensus présente un aperçu des problèmes posés par les données erronées, le plagiat, la falsification d’une lettre de présentation ou d’une formule de droit d’auteur, l’omission de référence à des publications prioritaires et plusieurs problèmes reliés au statut d’auteur. Les problèmes de fraude et de falsification sont très évidents et biens définis. Les questions reliées au statut d’auteur sont un peu moins claires. La prolifération du nombre des auteurs a troublé suffisamment le groupe de Vancouver pour qu’il définisse les obligations auxquelles il faut satisfaire pour être considéré comme l’auteur d’une communication publiée dans ses journaux4. La déclaration de consensus reflète ces préoccupations. Les questions reliées au statut d’auteur sont épineuses. La science est plus complexe de nos jours, mais la prolifération des auteurs semble avoir dépassé la complexité. Le meilleur exemple que je puisse en donner, c’est que pour une section «Images for Surgeons » dans un de nos journaux, il y a eu jusqu’à six auteurs d’une photo ou d’une radiographie. Il est difficile de comprendre ce que tout le monde a fait à l’égard d’un paragraphe sans référence.
Ces questions seront soumises au conseil de rédaction au cours d’une réunion à venir et nous vous en ferons rapport. Si vous avez une opinion ou des commentaires dont vous voulez nous faire part, nous avons hâte de vous entendre.